Amoureux des grands espaces, charmés par les fantômes, et séduits par Édimbourg et son histoire, l’Ecosse s’est imposée à nous.
Un matin de février, comme ça pour voir, je regarde les petites annonces d’appart’ à louer sur Édimbourg. On connaît déjà cette ville, ses quartiers. Tous les appartements sont hors budgets pour nous sauf un. Ils sont tous meublés dans un goût diamétralement opposé au mien sauf un, non meublé donc parfait. C’est peut être pour ça qu’il est moins cher.
J’en parle à Oliv, comme ça, pour rêver, parce qu’on passe notre vie à rêver, à imaginer des tas de projets. On se met à fantasmer une vie là bas, on trouve alors tous les arguments pour se lancer. « Les enfants seront bilingues, imagine, c’est un cadeau qu’on leur fait! » « les gens sont si sympas - même si ok, on comprend rien à ce qu’ils racontent » « on part un an, on prend pas de risque » ça part dans tous les sens, on ne parle plus que de ça, partir, et sans qu’on s’en rende vraiment compte, la machine est lancée.
Un mois plus tard, je regarde à nouveau les annonces et le seul appart accessible, le premier que j’avais vu est toujours dispo. Je me dis que l’annonce ne doit pas être à jour, il n’y a vraiment que des loyers beaucoup trop élevés pour nous, je désespère, je commence à me dire que c’était une drôle d’idée mais qu’au moins, ça aura été cool de rêver à une autre vie possible. Je ne sais pas trop pourquoi, ni comment, je me retrouve à envoyer un mail pour demander une visite. Réponse dans l’heure, on me demande mes disponibilités… je crois bien que je ne m’attendais absolument pas à obtenir une réponse! Me voilà en train de checker les vols pour Édimbourg, trois pages ouvertes sur mon ordi, airbnb… oups, je viens de valider des billets d’avion et trois nuits pour début avril!
Oliv rentre.
« On va visiter un appart à Édimbourg dans une semaine »
Voilà comme tout a commencé. Sur un coup de tête. ( Ma vie est une série de coups de tête!)
L’univers s’est chargé du reste. Tout a été fluide, en trois jours sur place, on avait inscrit les enfants à l’école pour la rentrée suivante et on est reparti avec les clés de notre nouvel appart.
Certains diront qu’on a fait les choses à l’envers et pourtant je crois au contraire que c’est exactement comme cela que les choses avancent exactement comme on le désire au plus profond de soi.
En rentrant, on a bossé jour et nuit pour mettre notre appart en location, on a fait un prêt, j’ai eu de belles opportunités de boulot qui sont arrivées de façon inattendue et bienvenue, on a vendu beaucoup de choses et on a surtout ressenti une énergie folle, celle qui te fait gagner dix ans de vie.
Deux mois plus tard, on était prêts.
Tout ce que l’on a emmené tenait dans notre voiture sept places, sièges rabaissés. Oliv a fait la route en voiture, j’ai pris un avion avec les enfants.
Ça va vite un avion, c’est une sensation assez étrange que de déménager à 1500 km de chez soi en deux heures.
Dean Terrace, Stockbridge, Edinburgh. Scotland. On y était. Étrangers mais chez nous.
Une semaine pour acheter trois matelas, un peu de vaisselle et des rideaux, puis les enfants ont fait leur rentrée à l’école écossaise. High school pour Arthur et Zoé, primary school pour Cerise. Si Arthur parlait déjà un peu anglais et que Zoé avait deux-trois notions, Cerise savait seulydire « my name is Cerise, hello, thank you, please et toilets! »
On m’a beaucoup demandé « alors l’école en anglais à 5 ans et demi? Comme ça se passe? »
Super bien! L’éducation n’est pas la même, il n’y a pas de compétitions, pas de notes, chacun avance à son rythme et il n’y a pas de jugement. Très naturellement, Cerise a tout compris en un mois et trois mois plus tard, elle parlait anglais. Un jour je l’ai même surprise en train de parler en anglais pendant son sommeil.
Nous avons tous trouvé notre rythme, un nouveau quotidien rempli de nouvelles aventures, de petites choses, comme cette fois où l’on a vu un renard en bas de la maison, anodin en UK et tellement grisant pour nous, les joueurs de cornemuse dans les rues, la mer du Nord à 15 minutes de chez nous et les écossais qui se baignent tous les jours alors qu’il fait -5°, les barbecues autorisés sur les pelouses des parcs publics de la ville.
Et les copains, les amis?
Il y a eu Nina, mon amie d’ici qui vit là bas, et puis Graham. Il y a eu les parents de l’école, Fiona from Oban, la première personne à me parler « let me guess! You are French! I know you’re French because of your style… so effortless and chic, that’s so French! » Fiona, elle rit fort, elle parle en souriant, elle est entière. Nadia, mon amie qui adore la France, écossaise qui rêve d’avoir chaud tout le temps. Et puis, Myrto mon amie mi-grecque mi-française qui déteste la pluie et le vent écossais mais qui, au fond, adore, j’en suis sûre. Elle a été là pour traduire quand je comprenais rien, elle était là pour nous faire nous sentir chez nous, elle a été une amie précieuse.
Il y a eu Anna et Gustav, nos voisins suédois, qui ont emménagé juste en même temps que nous et qui sont repartis exactement en même temps.
Il y a aussi Anne-Luce, et puis Julie mes copines françaises parce que quand on est expat ‘, même si on dit le contraire, il reste toujours cette culture commune avec les français qui parfois manque, on a les mêmes réf’, on se comprend dans la même langue et c’est pas pareil.
D’ailleurs, c’est en partant que j’ai réalisé que j’aimais la France et les Français, on râle comme on respire, on a un avis sur tout, c’est souvent pénible mais ça fait partie de nous et j’aime ça.
Et puis Tommy et Morgan, nos amis américains avec qui on a passé tant de bonnes soirées.
Bien sûr, je ne cite pas tout le monde mais je n’oublie personne.
Édimbourg est un melting pot, un mélange de culture, ce truc en commun d’être loin de chez soi, de venir d’ailleurs mais d’être tous identiques au fond, terriens avant tout. On fait sauter les barrières, les codes sociales, on ne se fit plus aux apparences, on est un peu déboussolé sans repère et finalement c’est l’humain qui prime. Qui es-tu? Raconte moi ton histoire? Tu aimes quoi? Tu écoutes quelle musique? Tu rêves de quoi? L’habit ne fait plus le moine puisque les codes ne sont plus les mêmes pour personne. Y’a plus de cases, de petites boîtes qui enferment les gens. On se sent grandis, et un peu moins petit dans un monde qui, après tout, nous semble un peu moins immense.
Merci pour ce partage, j’avais déjà vibré très fort à la lecture de la première newsletter et adoré l’anecdote des phares dans la nuit. Votre expérience est très inspirante !
Coucou d’ici, mon rêve. Je me revois regarder les annonces mais maintenant avec le Brexit tout devient si compliqué…
J’aime beaucoup ces morningnotes ! ❤️
Et je viens de lire hors la loi : trop bien !
Merci beaucoup encore !
So